CCNT 66 : COMPTE RENDU DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE
DU 29 JUIN 2010
Ordre du jour
(initial) :
1. Ventilation des métiers
dans les regroupements de métiers « enseignement » et
« formation » ;
2. Positions
Intermédiaires dEmploi (PIE) : définition, état de lieux, positions respectives
et argumentaires ;
3. Présentation
proposition FO en réponse à la présentation du projet employeur remis en séance
le 1er juin 2010.
1 Poursuite et
fin de létat des lieux des métiers & ventilation des métiers dans les
regroupements de métiers « enseignement » et « formation » :
La Présidente ayant fait savoir quelle
arrivera avec du retard, la séance commence donc sans elle par létude de la
dernière mise à jour des regroupements de métiers élaborée par les employeurs,
en référence aux travaux des dernières commissions mixtes paritaires
(CMP).
Ce document est de nouveau sujet à
remarques :
En référence au Répertoire National des
Certifications Professionnelles (RNCP), la délégation FO place le surveillant de
nuit qualifié au niveau V. Les employeurs objectent que la formation de ces
personnels nest pas transformée en Certificat de Qualification Professionnelle
(CQP) puisquil sagit dune formation spécifique de branche.
La délégation CFDT note pour sa part
labsence des assistants familiaux et rappelle quelle avait fait des
propositions pour les classer en niveau V, même sans qualification. Les
employeurs en conviennent et expliquent quils sont face à un problème pour les
classer car le régime dérogatoire en matière de rémunération va les obliger à
proposer une solution conventionnelle spécifique.
Sur ce point, la CGT
rappelle sa position : la convention collective classe déjà les
maîtresses de maison et les surveillants de nuit qualifiés au niveau V. Ils
doivent donc bénéficier de qualifications niveau V, type AMP ou AS pour pouvoir
accéder au regroupement des métiers de léducation et du soin et sortir du
processus de déqualification.
Les employeurs se cachent derrière
lexistant, affirment quil faut distinguer qualification (ou niveau de
qualification) et rémunération, et argumentent avec un exemple : même si le
moniteur principal datelier et léducateur technique spécialisé ont la même
grille indiciaire, le niveau III est exigé pour lETS alors quil suffit dun
niveau V et de cinq ans de pratique professionnelle au moniteur pour avoir la
même rémunération
Ils rejettent en réalité toute proposition damélioration
réelle des qualifications, le débat à venir sur leurs propositions de positions
intermédiaires demploi (PIE) devant, de leur point de vue, régler le
problème
La délégation
CGT rappelle par ailleurs sa revendication de requalification des métiers du social et du
médico-social en référence à la réforme LMD (Licence/Master/Doctorat)
qui donnera accès au niveau II pour les Bac+3, actuellement maintenus au niveau
III (cf. : les infirmiers).
Larrivée de la Présidente est le
moment choisi pour que soient lues deux déclarations (cf documents
joints) :
une déclaration
CFE-CGC, CFTC, CGT ;
une déclaration
CFDT.
La Présidente prend note et lexamen du
document employeur reprend.
La délégation CFDT propose de revenir à
sa proposition qui place les maîtresses de maison dans le regroupement des
métiers de ladministration, gestion et logistique puisque ces salariés sont
pour elle des agents de service, se cantonnant ainsi à entériner lexistant. Le
débat sur le sujet est relancé.
La délégation
CGT, après avoir rappelé que le niveau minimal exigé devrait être le
niveau V, revient sur « lengagement » des employeurs à
former les personnels sans qualification et note que rien ne les contraint par
la suite, à reconnaître la formation réussie et encore moins à fournir un emploi
en rapport avec cette qualification, ce qui est en totale contradiction avec
leur « vocation » à promouvoir des « valeurs de progrès social »...
(dixit la FEGAPEI). Et cela dautant que ces métiers ne sont placés que dans le
niveau A, cest-à-dire sans qualification, dans le document
employeur.
Nous rappelons que dans leur document
précédent existait un fléchage permettant de passer du niveau A au V. Après
intervention concordante de la présidente, ils répondent ... quil sagit dune
omission
La délégation CFDT insiste également
sur sa proposition de regrouper les métiers de lintervention sociale et de
lenseignement. La Présidente laisse (trop) longuement sinstaller le débat,
alors que le choix de les différencier était majoritairement
acté.
Finalement, ce regroupement est
abandonné. La ventilation des métiers dans les regroupements de métiers
« enseignement » et « formation » semble finalement satisfaire la
CMP.
Le document listant les métiers de la
CCN 66 par « regroupements de métiers » et par niveau de qualification fera
quant à lui lobjet dune mise à jour définitive pour le 13 juillet. Précisons
cependant quil ne constitue à lheure actuelle quun état des lieux de
lexistant et ne dit rien, ni du classement des professionnels sur les grilles
indiciaires, ni des rémunérations (exemple : moniteur datelier 2nde classe),
éléments sur lesquels notre délégation devra être vigilante lors des prochaines
commissions paritaires.
2 - Présentation
des propositions de Force Ouvrière Prévues laprès-midi, elles sont présentées
dès la fin de matinée comme « contre projet global » au projet
employeur :
Précisons que si le contenu de leurs
propositions nest pas sans intérêt, nous avions fermement indiqué à la
délégation FO lors de lintersyndicale ayant précédé cette commission mixte
paritaire, quil nous paraissait particulièrement dangereux de sinscrire dans
une démarche en « miroir » à celle des employeurs (« projet global » contre
« projet global »). Nous étions en effet convaincus que cela redonnerait
immanquablement à ces derniers lopportunité de sortir à nouveau du cadre des
négociations et de reprendre la main à partir de leur projet ; cadre que les
cinq organisations syndicales de salariés avaient imposé ensemble lors de la
dernière commission mixte paritaire et consistant à ne traiter que le volet
« qualifications et rémunérations », sans entrer dans dautres
considérations.
Campant sur sa position, FO a tenu à se
singulariser malgré sa précédente signature
et les conséquences nont pas été
négligeables : au retour de la pause déjeuner, les employeurs (qui ont eu le
temps de peaufiner leur intervention) sont sollicités par la Présidente pour
commenter les propositions de FO... et sempressent de déverser un torrent de
« louanges » concernant le « travail » de cette organisation
Ils disent ainsi apprécier
« larchitecture satisfaisante du projet (4 annexes), son côté moins rigide »
(par rapport à quoi ?... On ne sait pas !), lintérêt porté à ce que FO appelle
la « charge mentale », la rapprochant de leur « préoccupation » de compenser la
pénibilité etc. Ils précisent que les bases de discussion sont
« intéressantes »... mais sempressent aussitôt et
« poliment » de nuancer
leurs propos en notant limpact budgétaire des propositions de FO, le manque de
chiffrage du projet, labsence des « positions intermédiaires demploi » et
surtout, le fait que les rémunérations proposées nétaient pas « corrélées avec
le temps de travail » !
La porte ainsi
ouverte, les employeurs sy sont engouffrés : la rémunération pour les
débuts de carrière est certes envisageable... mais à condition de mettre aussi
dans la balance, la valorisation des congés payés existants en commençant par la
réduction des congés payés supplémentaires avec, en toile de fond, la mise en
cause des 35 h !
Ce que les organisations syndicales de
salariés avaient unitairement réussi à évincer jusqualors des négociations (non
sans mal) revenait ainsi brutalement, comme sil sagissait de négocier à
nouveau les 113 pages et leur résumé en 12 points concoctés par le cabinet
conseil de la FEGAPEI et du SYNEAS
Placées devant cette situation, la
CFE-CGC, la CFTC et la CGT avaient décidé à lissue de lintersyndicale de ne
faire aucun commentaire, ce quelles ont fait
et la CFDT a adopté la même
attitude. En effet, la ficelle était grosse
Même si FO avait fait une erreur,
pas question dajouter à la division.
Surprise, la Présidente a vainement
insisté pour obtenir des réactions
Nous nous sommes tenus à ce qui avait été
décidé : pas de commentaires, sauf à linterroger à notre tour sur son attitude
qui accompagnait une remise en cause de la méthode de travail décidée en commun
jusqualors. Pour tenter de contourner cette difficulté, elle reprend alors la
déclaration de début de séance de la CFDT qui demande à revoir le fonctionnement
des négociations à venir en établissant un nouvel accord de
méthode
La discussion se termine sur ce point
par lengagement de lui faire parvenir pour le 8 juillet deux documents : la
mise à jour par les employeurs, conformément aux discussions de la matinée, du
document concernant létat des lieux des regroupement de métiers, et la
proposition daccord de méthode à fournir par la CFDT qui sera mise à débat le
13 juillet ; devrait également y figurer une proposition de calendrier des
séances de négociations ultérieures.
3 - Les positions
intermédiaires demploi (PIE) :
Cette terminologie na jamais eu laval
de la CGT ; le caractère imprécis (mais dont chacun se faisait une idée) devait
être abordé. La « prestation » des employeurs a été à la hauteur de leurs
prétentions !
A grand renfort de diaporama (eux
aussi
), ils ont dévoilé leur véritable stratégie sous couvert des PIE. Il
sagissait pour eux (après avoir critiqué à nouveau le côté « ringard » de la
CCN66 actuelle) dexposer leurs vues sur ce quils considèrent comme un nouveau
système de classification. Sils ont dû admettre que le niveau de qualification
devait être le principe fondateur de la future grille de rémunération, ils
introduisent immédiatement la notion de « professionnalisme » celui-ci devant
être évalué à partir « dindicateurs conventionnels caractéristiques de
situation de travail » applicables à chaque métier !
Cela signifie que pour
chacun des niveaux de qualification (V, IV, III et II) les employeurs proposent
quatre degrés de « professionnalisme » ... ce qui répondrait au besoin de
« valoriser les compétences » et « favoriser la mobilité professionnelle »... Et
pour ne pas trop effaroucher lauditoire, ils précisent que les « indicateurs
conventionnels » permettant de définir ces quatre degrés seraient à construire
paritairement afin de garantir leur « objectivité » !
Dernière explication : le salaire « de
base serait bien un salaire... « de base !!... », correspondant strictement au
salaire dentrée de grille, cest-à-dire le produit du coefficient dentrée de
grille lié à chaque niveau de qualification multiplié par la valeur du point.
Mais tout déroulement de carrière lié à lancienneté disparaîtrait et perdrait
toute forme dautomaticité. Lancienneté serait ainsi découplée de la
classification et ne constituerait donc plus une composante dimportance
sécurisée dans la rémunération finale...
Le salaire évoluerait principalement à
la hausse selon les quatre différents degrés que les employeurs ont décidé de
nommer « Positions Intermédiaires dEmploi » récompensant le
« professionnalisme » du salarié évalué via les « indicateurs conventionnels »
évoqués précédemment, mais aussi via laugmentation du temps de travail
résultant de « lallégement du poids » (sic !) des congés supplémentaires et,
accessoirement, par lintermédiaire dun régime indemnitaire répondant à un
certain nombre de sujétions particulières (travail de nuit, astreintes, travail
du dimanche
).
A lissue de ce
« brillant exposé » patronal, la délégation CGT livre son
analyse :
Hormis la garantie dentrée dans une
grille repérée par le niveau de qualification, la délégation
CGT note que tout le reste de la structure du salaire se ferait « de
gré à gré » et entérinerait ainsi une individualisation sans précédent des
rapports au travail entre employeur et salarié. Ce dernier se retrouverait seul
face à larbitraire de lemployeur, sans même une simple allusion faite dans ce
projet au rôle de protection, de contrôle et de régulation que pourraient jouer
les instances représentatives du personnel et les organisations syndicales
locales.
Pour la délégation
CGT, le système proposé par les employeurs ouvrirait la porte à tous
les arbitraires possibles, permettrait de faire tout et surtout nimporte quoi,
avec comme dénominateur commun le fait de contribuer à tirer les qualifications
et les rémunérations vers le bas. Il permettrait par exemple de remplacer
systématiquement des moniteurs-éducateurs, voire des éducateurs spécialisés, par
des AMP, y compris en leur demandant dexercer des tâches dencadrement de
salariés de même niveau de formation initiale en échange « des sucettes »
correspondant aux degrés de « professionnalisme » attachés à ces
« PIE » !!!.
Le « professionnalisme » invoqué pour
donner le change est en fait la fin de la « professionnalisation » organisée à
partir de « domaines de compétences »... Cette façon de présenter ce que les
employeurs osent appeler « lamélioration » de la CC66 est vécu comme une
nouvelle forme de provocation, dans la lignée des 113 pages que limmense
majorité des salariés du secteur social et médico-social ont massivement
rejetées.
La délégation CGT
réaffirme sa totale opposition à ce type dorganisation qui ne fait que
désintégrer le collectif de travail pour aboutir au chacun pour soi. Pour notre
délégation, une telle proposition ne peut en aucun cas constituer un terrain de
négociation !
La CGT
demande par contre que soient reconnus et valorisés la formation, le
travail de nuit ou les astreintes (par exemple), et non une rémunération « à la
tête du client » ! »
Pour la délégation FO, il sagit
« dune autre convention collective », et leur organisation est fondamentalement
opposée à ce projet. Les salariés sont, à juste titre, attachés au travail
pluridisciplinaire ; ils sont opposés aux « critères classants » et allergiques
à lindividualisation. Lorsquelles sont appliquées, ces mesures génèrent des
conflits (particulièrement entre cadres et non cadres) et de surcroît tirent
finalement les salaires à la baisse (exemple dans les centres sociaux où ont été
mis en place pas moins de 12 critères classants).
La délégation CFTC se déclare opposée,
depuis le début, à lintroduction de critères mesurant le professionnalisme.
Elle note aussi quil sagit dun changement radical de méthode de travail,
quelle na pas de mandat pour aller dans cette voie, et se dit préoccupée par
ces propositions.
La délégation CFDT indique quelle ne
sattendait absolument pas à cela dans le cadre de la discussion sur les PIE.
Pour elle, il sagissait de définir des PIE qui prennent en compte des
formations particulières reconnues et validées et des critères objectifs qui
auraient permis de majorer les rémunérations. Elle rappelle aussi lexistence du
partenaire « pouvoirs publics », superviseur du financement.
La FEGAPEI entend rebondir : pourquoi
les organisations syndicales de salariés ne se joignent-elles pas au projet et
ne participent-elles pas à la co-construction et à la « sécurisation » des
« indicateurs conventionnels » de compétences ?... Pour elle, il y a un besoin
de qualité de la prestation... Il faut donc anticiper (référence à la Gestion
Prévisionnelle des Emplois et des Compétences : GPEC) en prenant en compte ce
qui se passe déjà dans les associations dans le domaine de lindividualisation
et donc la généraliser (commentaire CGT) !
Parce quune telle
démarche ne servirait que le projet employeur et sa philosophie, rejeté à juste
titre par les salariés, répond la délégation CGT, il ne saurait donc
être question de négocier sur ces bases. La Présidente nous « reprochant » de
parler au nom des salariés et de rejeter les propositions alors que le document
est discuté ce jour même, nous réaffirmons, ne lui
en déplaise, que ces propositions employeurs sont de la même
veine que celles de 2008 auxquelles des milliers de salariées nont cessé de
sopposer massivement et dans la durée
Et à notre
connaissance, ils nont pas changé davis !
4 - Est ensuite
évoquée « la conférence salariale » prévue à la DGCS (Direction Générale de la
Cohésion Sociale) le 19 juillet.
Les employeurs suggèrent que lensemble
des organisations syndicales demployeurs et de salariés signent un courrier
commun pour appuyer une demande de budgets à la hausse...
Si notre délégation indique
« poliment » quelle répondra à cette offre à la CMP du 13 juillet après
délibération de nos instances, il est dores et déjà quasiment acquis que la CGT
ne souscrira pas à une telle démarche dans la mesure où les revendications des
salariés que nous traduisons en terme de moyens devant les pouvoirs publics et
les financeurs nont aucune motivation commune avec celles demployeurs qui
viennent une nouvelle fois dexprimer clairement leur intention de remettre en
cause nos garanties collectives.
La commission mixte paritaire se
termine sur ce point.
Conclusion
Il est clair que la prochaine, prévue
le 13 juillet 2010 (la dernière programmée à ce jour), sera un moment fort : ces
négociations (ayant trait à « lamélioration de la convention collective »)
auront-elles un lendemain à la rentrée de septembre ? Les employeurs ne cessent
de se livrer à des tentatives de division et de chantage afin douvrir un
« marchandage » autour de leurs propositions.
Pour ce qui la
concerne, la CGT réclamera un processus clair, avec un calendrier, des
thèmes (salaires, ancienneté, congés supplémentaires liés à la
pénibilité, complémentaire santé, démocratie sociale et droits syndicaux, etc.),
élaborés paritairement dans le cadre de la CMP, avec le souci de travailler en
permanence à lunité syndicale la plus large possible sur la base revendications
exprimées par les salariés.
Ordre du jour de la
CMP du 13 juillet 2010, à 9h30
Bilan des
travaux de la CMP ;
Accord de
méthode proposé par la CFDT ; présentation ;
Lettre à la
DGCS ;
Débat sur les
PIE (avec exemple à partir de « métiers repères » ; document établi par les
employeurs) ;
Temps de travail
(incluant les congés supplémentaires) et rémunération.
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